Publisher's Synopsis
Les droits de la femme sont essentiels au développement et au progrès holistique de la société. Pourtant cette dernière n'a pas cessé d'être malmenée en Afrique noire: us sexuels dégradants, recul de la morale sexuelle, stigmatisation des filles-mères et des enfants dits sans père, violences sexuelles et sexistes, en temps de paix et en temps de guerre, parfois d'une extrême barbarie (Mukwege et Cadière). L'âme africaine serait-elle allogène à la dignité féminine ? L'Africain est-il un être de raison et de philosophie ? se demandaient jadis les Hegel et les De Gobineau.
Le fait est plutôt que l'éthique négro-africaine de l'érotisme et du conjugal ne mobilise pas vraiment la philosophie, d'où son absence en l'occurrence de l'Histoire de la sexualité de Foucault. Alors que le sexe est un enjeu existentiel absolu, le tabou philosophique pèse encore lourdement, et le féminisme reste quasiment un chapitre oublié de la philosophie africaine. Or montre ce livre, le sexe et ses modalités sociales (mariage, famille, etc.) fait l'objet en négrocultures d'une éthique dont le rigorisme récapitule celui des préceptes platoniciens et aristotéliciens, pour ce qu'elle cultive la sacralité du sexe comme source de la réalité humaine et sociale, rejetant ipso facto la concupiscence et la clandestinité érotique au profit de la rationalité et l'officialité du mariage (monogamique ou polygamique, endogamique ou exogamique), répudiant les formes non-prolifiques de l'union sexuelle des corps (prostitution, pornographie, transsexualisme, etc.), et exaltant le mariage comme épiphanie de l'amour de l'homme pour la femme, à quoi elle doit répondre par le respect de l'ordonnancement du projet familial autour du paterfamilias. Où l'équité incarne l'originalité du féminisme africain, comme le montre ce livre, au prisme du postcolonialisme et du paradigme de l'interculturalité des Fornet-Betancourt, Mignolo ou De Sousa Santos.